La répartition financière des droits TV de la Ligue 1
Le mois de janvier aura été rythmé par le nouvel appel d'offres lancé par la Ligue de Football Professionnel (LFP) pour l'acquisition des droits de diffusion de sa compétition : La Ligue 1 Orange !
Les instances du football français craignaient une sorte de « Krach » financier des clubs de L1 lors du renouvellement de l’attribution des droits, Canal+ menaçant de ne pas réinvestir autant d’argent dans un championnat pauvre en buts et peu performant dans les compétitions européennes.
Face à cette menace, la LFP a créé une offre morcelée en 12 lots pour inciter chacun des acteurs à se positionner sur chacun de ces lots.
Au final, l'ensemble des droits audiovisuels de la Ligue 1 ont été attribués pour 668 millions d'euros. Canal + et Orange se partagent les trois lots Premium mais l'essentiel des matches continueront tout de même à être diffusés par la chaîne cryptée.
Concrètement, seul le grand match de Ligue 1 du samedi soir (à 21 h), sera diffusé par Orange Sport TV. Pour la période 2008-2012, toutes les autres rencontres seront proposées par Canal +.
Le magazine dominical de football a également été raflé par Canal +. L'émission « France 2 Foot » va donc disparaître. Les images du football français vont donc quitter définitivement les chaînes hertziennes. Seuls les matches sur téléphone mobile et la vidéo à la demande seront diffusés par Orange.
Avec une addition globale de 668 millions d'euros, les droits du football subissent une augmentation de près de 10%.
Dans un communiqué, la Ligue se dit satisfaite du résultat de son opération. «Canal+ et Orange ont montré leur attachement profond au football français. Comme nous l'avons toujours dit et malgré un contexte difficile, le football professionnel français a augmenté le montant de ses droits». Interrogé par RMC, le président de la Ligue, Frédéric Thiriez, a déclaré que cette augmentation des droits télé «permettra au football français de se développer encore plus, notamment en améliorant la capacité d'accueil des stades».
Nous vous proposons dans cet article de mieux comprendre ou va ces sommes d’argents gigantesques. La répartition des 668 millions d’euros s’organise de la même façon que lors de la session précédente.
Voici donc, comment les clubs de Ligue 1 Orange trouvent une manne d’argent qui atteint parfois plus de 50% de leur budget annuel.
Les droits de retransmission TV
Le 10 décembre 2004, Frédéric Thiriez, président de la Ligue de Football Professionnel annonce que Canal + propose pour les 3 saisons à venir une véritable mine d’or pour les clubs professionnels français.
En effet la chaîne payante offre par saison :
- 220 millions d’euros pour le lot comprenant le match du dimanche soir à 21h
- 210 millions d’euros pour le second lot comprenant les matchs du samedi 17h10 et celui du dimanche 18h
- 60 millions pour le troisième lot qui représente les droits pour le magazines du samedi soir « Jour de Foot »
- 110 millions pour le lot 4 qui est celui du paiement à la séance des 7 matchs restants (qui seront accessibles sur la chaîne Foot+ du groupe Canalsat)
A cela il faut rajouter un autre lot, acquit par TF1 comprenant l’émission historique du dimanche matin « Téléfoot » pour 18 millions d’euros par saison.
Coup de théâtre pour la saison 2007/2008 : TF1 refusant l’augmentation de 35% (soit désormais 24,5 millions d’euros pour ce lot) du montant de ces droits, abandonne ce lot au profit de France 2. C’est donc la chaîne publique qui aura le privilège de l’émission, devant toutefois lui trouver un nouveau titre car « Téléfoot » est une marque détenue par TF1.
Les critères de distribution
Les 600 millions d’euros ne se répartissent pas uniformément entre les clubs, mais sont compartimentés en différentes sections.
Les clubs de la Ligue 1, vont se répartir la somme de 477,5 millions d’euros, le reste étant versé d’une part aux clubs de Ligue 2 et d’autre part alloué à la LFP pour son fonctionnement et le financement de ses actions.
Seulement 50% de cette somme mirobolante, attribuée à l’élite, est redistribuée à parts égales entre les clubs de la plus haute division, soit 12 millions d’euros en moyenne par club.
Les 238,7 millions d’euros restants, sont répartis selon des « clés de répartition », ayant pour conséquence de creuser des écarts assez conséquents entre les « gros » et les « petits ».
· Le classement sportif de la saison en cours
111 millions d’euros ne seront versés qu’à la fin de la saison sur la base du classement final de la Ligue 1.
Lyon, qui gagne cette année son sixième titre de champion de France consécutif empoche près de 16 millions d’euros. Dans le même temps, Valenciennes, qui termine à la 17ème place (premier non reléguable) se voit verser 2 millions d’euros, et les 3 équipes reléguées en Ligue 2 (Troyes, Sedan et Nantes) ne touchent rien par rapport à ce critère.
Entre ces deux extrêmes, une échelle logarithmique a été mise au point : l’écart entre le premier et le second est plus important que celui entre le 2ème et le 3ème, lequel est plus grand qu’entre le 3ème et le 4ème, etc. Ainsi le 10ème ne percevra que 28% de la somme accordée au champion de France.
· Le classement sportif des cinq dernières années
Ce deuxième critère peut être assimilé à une prime « d’assiduité » en Ligue 1 et monte à plus de 22 millions d’euros.
Ce classement, arrêté dès la saison dernière, fait la part belle aux équipes qui figurent régulièrement en tête du classement de la Ligue 1 depuis la saison 2001/2002.
L’Olympique Lyonnais, domine naturellement ce classement et perçoit à ce titre 3,2 millions d’euros.
Le club de la ville d’Auxerre est le dauphin de l’indéboulonnable leader avec seulement une qualification pour la Ligue des Champions (lors de la saison 2002/2003) ; mais il a toujours assuré sa place entre la 3ème et la 8ème place du championnat.
Lens, Marseille, Paris Saint-Germain, Monaco et Bordeaux, figurent tous parmi les huit premiers de ce classement. A l’inverse, les équipes habituées au chassé-croisé entre l’élite et la Ligue 2 pâtissent de leur manque de régularité et les reléguables touchent moins de 200.000 euros lors de leur rétrogradation en division inférieure.
· Le classement « télé » de la saison en cours
C’est le deuxième classement le plus richement doté, mais aussi le plus contesté. Plus de 66 millions d’euros sont répartis entre les clubs de Ligue 1 en fonction du nombre de leurs matchs diffusés sur les chaînes du groupe Canal +. Peu de temps après l’appel d’offres en décembre 2004, les présidents de l’Olympique Lyonnais, du PSG et de l’OM ont fait des pieds et des mains pour que leur surmédiatisation soit récompensée.
Cette saison, après vingt journées de championnat, l’OM pointe en tête de ce classement avec 16 diffusions devant l’OL (14 diffusions) et figure donc en pôle position pour empocher les quelques 9,6 millions d’euros promis au vainqueur. Ce duo de tête devance assez largement Lens et Lille avec respectivement 11 et 9 diffusions, alors que le PSG, omniprésent sur les antennes du groupe Canal + depuis de nombreuses saisons, ne compte que 6 retransmissions et paie ainsi ses mauvaises performances à répétition.
Les grands perdants sont surtout les clubs qui jouent le milieu de tableau et les villes dans lesquelles Canal + ne recense que très peu d’abonnés. C’est le cas de Sochaux qui, bien qu’étant à la quatrième place de la Ligue 1 après 20 journées, n’a jamais été diffusé en « prime time » et compte seulement 4 retransmissions lors des matchs de l’après midi.
Contre exemple de cela, Marseille, est la ville où l’on compte le plus grand nombre d’abonnés à Canal +, ce qui signifie que même durant des périodes difficiles sportivement, l’OM ne verra pas son nombre de diffusions se réduire brutalement.
Il existe, par cette méthode de classement une réelle discrimination auprès des clubs qui ne jouissent pas d’une forte médiatisation et qui n’ont pas un attrait de dimension nationale.
Ce classement n’est donc en aucun cas représentatif des performances sportives des équipes, mais est la conséquence de la politique de diffusion de Canal + auprès des grandes villes françaises où il existe un noyau important d’abonnés, pour satisfaire ces derniers.
· Le classement « télé » des cinq dernières années
Avec plus de 22 millions d’euros à prendre, le classement « télé » depuis cinq ans récompense, lui, les valeurs sûres de l’audimat : les équipes qui font de l’audience et le spectacle, et que les abonnés plébiscitent (à chaque match les abonnés sont invités à donner une note en fonction de la qualité du match). Le club le plus diffusé de ces cinq dernières années est l’OM, qui empoche ainsi près de 3 millions d’euros suivit de l’OL. Le PSG et Monaco arrivent ensuite.
Valenciennes qui vient de monter de Ligue 1 après 13 ans d’absence au plus haut niveau ferme ce classement, avec un bonus de moins de 200.000 euros.
· Le classement du challenge de l’offensive
Mis au point cette saison par l’ancien sélectionneur national et conseiller de la LFP, Michel Hidalgo, le challenge de l’offensive classe les 20 clubs de Ligue 1 suivant un barème attribuant :
- O point pour une défaite
- 1 point pour le match nul
- 2 points pour une victoire avec un but d’écart
- 3 points pour une victoire avec plus d’un but d’écart
Ce challenge est doté de 16,4 millions d’euros et l’équipe terminant en tête de ce classement parallèle encaissera 2,4 millions d’euros, la seconde 2 millions et la troisième 1,7 millions d’euros (classement de l’offensive 2006/2007 : Lyon, Marseille et Lens)
Au final, Lyon, remporte le championnat 2006/2007, conserve sa deuxième place au classement TV et, qui plus est gagne le challenge de l’offensive, ce qui se traduit à la fin de la saison par une récompense financière de 47 millions d’euros. Dans le même temps Marseille (2ème du championnat) et Toulouse (3ème) encaissent 40 et 35 millions d’euros.
Les huit clubs suivants au classement toucheront chacun une manne comprise entre 20 et 30 millions d’euros, tandis que les 3 relégués percevront moins de 15 millions d’euros.
Affaire à suivre…